Samuel m'a répondu, et j'aime ça. Je t'embrasse
Salut Olivier,
J’ai vu que tu avais mis ma lettre sur ton site. Au début, j’étais un peu gêné : je t'avoue que je n’ai pas l’habitude de voir mes correspondances devenir publiques. Mais bon, le contenu n’était pas trop intime. Merci aussi pour la réponse que tu m’as envoyée. Je comprends ta démarche. Mettre en scène les éléments qui comptent dans ta vie. Je me rends aussi compte en te lisant que ces voyages ont été pour toi et pour ton travail quelque chose d’important. Moi, je voyage tellement et si souvent que j’ai tendance à oublier ce qu'un départ peut provoquer. Il y a quand même toujours, quelque part en moi, cette idée de grande rupture, de tout laisser derrière soi comme avec l'Islande, quan je suis parti sans Sophie. L’autre jour, dans l’avion, j’ai lu le passage d’un livre où une femme décide de rompre avec son ami pour partir voyager, partir à jamais.. J’avais lu sur ton site que toi, tu n’arrivais jamais à rompre complètement. Ça m’a fait penser à toi. « Elle avait donc finalement renoncé à l’appeler, en dépit des doutes et en dépit des hésitations qui l’assaillaient, en dépit des questions qui la tourmentaient dès qu’elle pensait à lui et que son silence laisserait sans réponse, en dépit, surtout, des sentiments qu’elle ne pouvait pas ignorer, elle s’était décidée, dans un mélange de regrets et de soulagement, à ne plus jamais le voir. Elle savait qu’il ne comprendrait pas le sens de cette décision, mais elle était également certaine qu’elle ne l’expliquerait jamais. Une certitude l’habitait depuis longtemps : il fallait partir en silence, partir comme partent les voleurs, en effaçant les traces, disparaître sans donner à cette disparition la grandiloquence à la fois comique et ridicule des grandes scènes de la séparation. Les adieux l’avaient toujours dégoûtée. Il n’y aurait donc point d’adieux. Il n’y aurait que le vide, un vide immense, un vide semblable à celui que les morts lèguent aux vivants. » C’est peut-être cela « Le grand rien » ? Samuel.