Edomond Quinche "Le Sublime" s'occupe de mes images d'Islande en lithographie

Je pars demain. 07.17, le train, puis deux avions. J'adore l'avion. Mais l'Islande n'a pas de prix. Je pars pour dessiner, "seul" sur la lave de ce pays qui me donne tout. Alors j'écris à l'autre...:
"De manière aléatoire, ponctuelle, comme ce soir, je veux dire d’une manière qui n’est pas préméditée, qui est comme une réponse à une atmosphère, à une musique, à cette façon qu’a la nuit de décider pour moi, de choisir les temps, je veux t’écrire. Je ne sais jamais ce que je vais te raconter, je ne suis pas sûr d’avoir quelque chose à raconter. Il faut peut-être abandonner tout désir de raconter, de faire histoire. Ce serait plutôt quelque chose comme le besoin d’une rumeur, le bruit des vagues, très tard, quand on ne voit plus la mer mais un ventre noir et mouvant dans lequel s’engouffrer. Je laisse au hasard le soin de t’apporter un message, ou plus exactement un signe, quelque chose d’imperceptible, presque rien. L’air circule dans les veines, les gestes imitent un ancien rituel : nous recommencerons une histoire impossible qui n’aura pas lieu. Faut-il qu’elle ait lieu? Non, il ne faut pas, il faut que les choses soient en suspens, comme éternellement jamais commencées, comme immobilisées devant la vente noir de la mer dans lequel s’engouffrer, ne pas parler, jeter un coup d’œil furtif vers le ciel.