04 Février 2010

Vite, sortir

Les nomades de l’ombre avancent silencieusement sur la terre rouge et nue. Ils foulent les brindilles sèches, les cicatrices profondes dans la chair du monde. Tu voudrais tellement les suivre, reprendre leur marche, tracer toi aussi des pistes si proches de nulle part. Tu voudrais marcher dans un pays où le centre se déplace, où le sable brûle les pieds, où un gouffre d’air allège la tête, le corps tout entier. Où aimer importe plus que parler. Tu sais pourtant qu’une seule phrase suffirait à refaire le monde. Et tu ne trouves pas cette phrase et le monde s’effondre. C’est le moment où tes songes annulent, d’un trait noir, tout l’espace des solitudes. Tu reproduis ce trait. Tu laisses proliférer le noir. Atteindre un peu au silence. C’est le moment où tu penses aux nomades, aux couleurs du Maroc. Mais tu es là, dans la ville, c’est l’hiver encore. Alors il faut sortir, vite, chercher d’autres couleurs.