10 Septembre 2008

Et voilà, je peux enfin l'écrire. Je suis le lauréat du Prix de peinture de la Fondation Sandoz. J'ai reçu la somme de 100.000.-FS pour mener à bien un projet de travail en partant peindre sur le motif. Une attitude tellement classique qu'elle est à mes yeux à la pointe de la modernité.
Je dois énormément à Nicolas Raboud qui m'a poussé à participer à ce concours et qui surtout a écrit le texte ci-joint qui était ma déclaration d'intention.

Lorsque j’étais jeune artiste encore, je ne comprenais pas pourquoi
Matisse, par exemple, était allé à Tanger pour peindre. Pourquoi l’Ecole
de Barbizon, pourquoi Van Gogh à Arles, et pourquoi l’Ecole de Savièse.
Aujourd’hui, après presque trente années de peinture, la question ne se pose plus
pour moi. Je sais la différence pour mon travail de la présence réelle d’une lumière, d’une couleur, de la masse d’une montagne. Je connais l’importance du contact physique des choses.
La thématique que vous proposez à l’ensemble des artistes du pays me touche particulièrement et cela pour deux raisons principales. Tout d’abord, au sens premier du terme, j’ai toujours considéré mon attitude face à la peinture comme profondément naturelle, c’est-à-dire que je n’apporte pas de sous-entendus, je ne souhaite pas susciter de lecture au deuxième degré, je prends les choses telles que je les vois et j’essaye de les peindre telles que je les sens. Ma pratique picturale est extrêmement directe, en quelques sortes, on peut dire qu’elle est très nature. Concernant plus directement l’objet de mon travail, je me suis très fréquemment approché de sujets empruntés directement à la nature, par exemple les suites de peintures sur les thèmes comme l’Etang de Pompadour, la Montagne Sainte Victoire, les Biches, le Col du Tourmalet, et bien d’autres encore, pour ne citer que quelques séries importantes.
Si j’avais l’avantage de bénéficier du prix, je pourrai enfin organiser une année de ma vie d’artiste autour des seules préoccupations picturales qui m’importent vraiment. Je pourrai, ce qui serait pour moi une étape décisive dans l’évolution de mon travail, me confronter directement à une série de lieux géographiques liés à la nature telles que je la conçois, forts et impressionnants, d’y séjourner et surtout d’y travailler directement sur le motif.
Je propose donc comme projet une série de cinq voyages, répartis sur une même année, cinq séjours de travail, d’environ un mois chacun. Ces cinq destinations pourraient être le Bretagne pour la mer, le Sahara pour le désert, New York pour la foule, la Patagonie pour la montagne, l’Islande pour la nuit.
En espérant que ce projet vous intéresse comme il me passionne, je vous prie de croire à toute ma sympathie.

Nicolas Raboud