Ma chambre-atelier

Chacun de ces moments passés dans ma chambre-atelier sont d'une rare intensité, ne serait-ce déjà pour ne pas renverser l'encre de chine sur les tatamis. Ensuite parce que je suis vieux et travailler à genoux me fait terriblement mal. Mais cette douleur et ce contrôle des gestes pour ne pas faire de bêtises induisent des attitudes nouvelles dans mon travail. Je suis seul, j'aimerai prendre ma femme dans mes bras, je suis calme (grande nouveauté), je pense (les mauvaises langues diront deuxième grande nouveauté), je n'ai pas les chiens à sortir, donc je peinds en essayant de me perturber suffisamment pour lutter contre cette mélancolie délicieuse qui peuple mes pensées par moments. Ce qui me trouble le plus c'est cette nouvelle forme de plaisir que je découvre. Peut-être le plaisir si triste d'être devenu grand.